Elles

Je les avais souvent regardées,

Sans vraiment, je dois avouer, les observer.

Mais, un beau jour, sans l'avoir prémédité,

Sur elles, mes yeux se sont jetés.

 

Elles étaient sillonnées de ces rides

Qui s'étaient creusées avec le temps.

Elles avaient crevassé au cours des ans

Sans doute sous le fardeau d'un travail aride.

 

Elles étaient devenues rugueuses avec les heures,

Et les efforts qu’elles avaient donnés sans compter.

Mais malgré cela, elles conservaient une douce douceur,

Celle que l’on trouve innée chez le nouveau-né.

 

Elles avaient perdu de la finesse,

À force d’avoir escaladé les difficultés de la vie.

Elles avaient gardé de la souplesse

À force d’avoir accompli des acrobaties.

 

Elles s’étaient ouvertes fréquemment,

Surtout pour offrir et donner,

Quoique parfois, elles auraient aimé

Être serrées d’amitié, simplement, tendrement.

 

Elles sont assurément encore aujourd’hui

Aussi fortes qu’au début de leur vie,

Prêtes à continuer sans relâche de travailler

Sans jamais nous montrer un air fatigué.

 

Et pourtant, elles auraient droit à un repos

Droit à une vacance bien méritée,

Droit de se faire tirer notre chapeau

Ou applaudir avant que le rideau ne soit abaissé

 

Oui, elles auraient plus que jamais raison

De se lever, de montrer leur fierté,

D’enfin se laisser pour une fois féliciter

Car elles le méritent de mille façons.

 

Pourtant, elles sont là, à continuer d’aider

Sans être capable de s’arrêter,

Prêtes à tout faire pour aimer

Comme elles ont aimé au cours des jours d’hier.

 

Oui, je les avais souvent regardées,

Sans vraiment, je dois avouer, les observer

Mais, aujourd’hui, sans l'avoir prémédité,

Mes yeux se sont jetés sur les mains de mon père.