Pourquoi j'écris. . .

 

Pourquoi j’écris…

Ils étaient tous là,
Verlaine, Lafontaine, Troyat,
Baudelaire, Daudet, Dumas,
...Ils étaient tous là.

Ils étaient assis l’un à côté de l’autre,
Sur une tablette, comme douze apôtres.
Ils en avaient des pages à conter,
Des poèmes, des romans à raconter.

Alors parfois, j’invitais l’un d’eux
À venir s’asseoir au coin d’un bon feu
Et, elle ou il se laissait amicalement aller
À me causer toute une soirée.

Oui, ils m’ont tenue compagnie,
Durant je ne sais combien de nuits,
Durant des moments d’insomnies,
Se révélant plus que de bons amis.

Fallait les voir me parler sans arrêt,
S’émouvoir avec les mots qu’ils lisaient,
Ne faisant même pas une pause
Ni à Tarascon, ni avec le Petit Chose.

Autre que leur voix, il n’y avait pas de bruit,
Si ce n’était quelques légers froissements
Qu’une page faisait en tournant
Lorsque l’un d’eux poursuivait son récit.

Moi je ne bougeais pas d’un seul doigt,
Ne voulant pas troubler les personnages
Qui sautaient de page en page
Et couraient après l’aventure, ça va de soi.

Avec l’arrivée des heures tardives,
Je me surprenais même à vouloir rejoindre
Ces héros que j’avais vu poindre
Et au travers des paragraphes, à les suivre.

Ce n’était que lorsque la nuit s’endormait
Que je quittais héros et vilains de l’histoire,
Sachant que dès la naissance du prochain soir,
À la dernière ligne lue, je les retrouverais

À Dumas et aux auteurs, je dis donc merci
Pour m’avoir invité dans leurs récits,
Pour avoir comblé mes heures creuses,
M’avoir inspiré au point d’écrire la Berceuse.