Je n'ai pas oublié

Je n’ai pas oublié,

. . . . bonne année.

 

Je t’avais promis

Par un soir de pluie,

Qu’en santé ou en maladie,

Qu’il n’y aurait pas d’oubli.

Oui, je t’avais promis

Que ce fût à Montréal ou à Paris,

En ta compagnie ou avec des amis,

Qu’il n’y aurait pas d’oubli.

 

Et je n’ai pas oublié, non pas oublié,

Ni avant de prendre chaque matin le café,

Ni après avoir dit bonne nuit à chaque fin de journée.

Je n’ai pas oublié, non pas oublié,

Ni en quittant des ans trépassés,

Ni en entrant dans de nouveaux calendriers.

 

Les semaines ont bien sûr pris leur vol

Et les neiges ont parfois habillé les sols,

Se changeant aux printemps en rivières,

Oubliées des merles qui sifflotaient un air.

Mais moi, je n’ai pas oublié ce fameux soir de pluie,

Pas oublié ce que je t’avais promis.

 

C’est vrai que ce matin j’ai pris une ride de plus,

Après avoir marché le long de nouvelles rues,

Oublié évidemment par les présidents élus

Pour qui je ne suis qu’un pion inconnu.

Mais moi, je n’ai pas oublié ce fameux soir de pluie,

Pas oublié ce que je t’avais promis.

 

Je t’avais promis,

Par un soir de ciel gris,

Que quelque soit le jour ou la nuit,

Qu’il n’y aurait pas d’oubli.

Oui, je t’avais promis,

Qu’il y eût courbatures, fatigues ou insomnies,

Tristesses de dimanche ou joies de samedi,

Qu’il n’y aurait pas d’oubli.

 

Et je n’ai pas oublié, non pas oublié,

Même après que les anniversaires se furent entassés,

En ne laissant derrière elles que des chandelles brûlées.

Je n’ai pas oublié, non pas oublié,

Même quand j’eus les traits tirés,

Pour avoir très peu sommeillé.

 

Les enfants ont depuis grandi.

Ils sont maintenant presque tous partis.

Dans ce pays d’ailleurs où ils ont construit leur nid,

Parfois en oubliant qui leur avait donné la vie.

Mais moi, je n’ai pas oublié ce fameux soir de pluie,

Pas oublié ce que je t’avais promis.

 

C’est vrai que ce soir, j’ai deux autres cheveux gris,

Venus à la suite de quelques décennies

Au cours desquelles, des vies sont parties chez l’oublie,

Vies d’inconnus, Vies de parents ou d’amis.  

Mais moi, je n’ai pas oublié ce fameux soir de pluie

Pas oublié ce que je t’avais promis

 

Je t’avais promis

Par un soir de ciel gris,

Par un soir de pluie,

Qu’il n’y aurait pas d’oubli.

Et je n’ai pas oublié,

À aucun moment donné,

Ni dans la joie, ni dans la difficulté.

Non, je n’ai pas oublié.

 

J’avais promis,

De te tenir la main.

J’avais promis

De ne pas la lâcher,

Quelque soit le demain.

Et tu vois, je n’ai pas oublié,

Je la tiens encore, alors que je t’écris

Qu’il n’y aura pas d’oubli.

 

Bonne année